Il traduisit ses œuvres, non sans prendre de grandes libertés d’arrogance, et les fit jouer à Madrid, où elles obtinrent un grand succès. […] Dugazon et Dazincourt ont pris ces libertés avec la prose de Molière, car vous savez qu’on n’avait pas pour elle, à cette époque, le respect légèrement superstitieux que nous professons aujourd’hui. […] On trouve qu’une femme est laide et sotte, et on la flatte sur son esprit et sur sa beauté ; on reconnaît que la justice ne doit jamais être influencée, et l’on va trouver son juge ; on pense que des vers sont exécrables, et l’on en fait compliment à l’auteur ; et pour sortir des exemples qu’a choisis Molière, et transporter la discussion sur un terrain plus vaste, on proclame hautement que la liberté de penser et d’écrire est de droit naturel, et dans la pratique on traite par le mépris, ou par la prison, ceux qui en usent ; on déclare que l’adultère est le pire de tous les crimes, et l’on prend la femme de son voisin ; et l’on a pour soi l’assentiment tacite du monde, qui vous accablera d’ailleurs, si le voisin se met à sonner l’alarme. […] Veut-il se rappeler l’année où fut proclamée la liberté des théâtres ? […] Je n’ai pas peur de l’honnête liberté de ses discours.