Par la bouche et par l’exemple de son personnage sympathique, Molière se prononce pour l’indépendance et la liberté, et il entasse le ridicule sur ceux qui sont partisans de l’autre solution. […] Le partisan de la liberté féminine est honoré, respecté, aimé et finalement épousé, quoique vieillard, par une jeune fille charmante. […] Voltaire ne songe pas à lui-même, comme aussi bien nous n’y songeons jamais, mais il a raison quand il dit : « Les Femmes savantes conduisirent Cotin au tombeau comme les satires de Boileau l’abbé Cassaigne, triste effet d’une liberté plus dangereuse qu’utile et qui flatte plus la malignité humaine qu’elle n’inspire le bon goût. […] Ou bien l’extraordinaire facilité qu’il a trouvée dans le maniement de sa dupe a mis en liberté ses passions autres que la passion ambitieuse, et en même temps qu’il met la main sur la fortune d’Orgon et obtient la main de sa fille, ce qui ressortit à son ambition, il convoite sa femme ce qui ne concerne que sa luxure. […] L’Henriette des Femmes savantes est toute semblable avec un peu plus de causticité et un peu plus de liberté de pensée et de langage.