Ils se trouvent là à point nommé, et parlent sur le champ de polygamie, sans qu’ils puissent savoir qu’il en est question. » Ceci est très vrai ; mais c’est un fait qui indique, pour nous, qu’auparavant il devait y avoir un exposé de l’affaire de la part de Pourceaugnac ; c’est cet exposé qui était fait logiquement et gaiement par Pourceaugnac dans l’intermède en langue italienne. […] Or, si, là, Pourceaugnac parlait italien, c’est qu’auparavant il avait baragouiné dans cette langue; on ne peut guère admettre que Pourceaugnac, ayant parlé français tout le temps, aille prendre subitement la langue italienne ; cela passe pour un petit rôle épisodique comme celui des médecins, mais non quand il s’agit d’un premier rôle, du moins dans notre Théâtre-Français ordinaire, car lg mélange des paroles françaises et italiennes se rencontrait parfois chez Molière dans les pièces écrites pour la cour, en souvenir des Italiens appelés sous le dernier règne. […] Quant au rôle de Pourceaugnac, gentilhomme italien, le mélange de sa langue avec le français mal baragouiné (mélange excusé et expliqué par la nationalité du héros) pouvait amener un élément de bouffonnerie comme on le voit parfois encore au Théâtre-Italien dans les rôles comiques. […] Le talent bouffe de Lully pouvait se développer à loisir, et quand il prenait la langue italienne avec suite, ou quand les autres la chantaient, l’oreille n’était pas blessée d’un changement subit, nullement justifié par la situation. […] Les faits racontés plus haut, la relation de Grimarest, la tradition du Maître d’école perdue, et la coïncidence du Barbacola trouvé dans un recueil d’intermèdes entièrement pris chez Molière, nous ont semblé justifier la transcription des fragments ci-dessus, bien que (sauf les arguments trop courts et trop insignifiants pour pouvoir y reconnaître la main de Molière) il n’y eût aucune phrase française et que tout l’intermède fût en langue italienne.