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133. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

De là l’erreur du spectateur parisien, qui alors, comme aujourd’hui, n’était, pas très ferré sur les langues étrangères. […] Mais, s’il luy restoit encore quelque ombre de pudeur, ne luy seroit-il pas fascheux d’estre en butte à tous les gens de bien, de passer pour un libertin dans l’esprit de tous les prédicateurs, et d’entendre toutes les langues que le Saint-Esprit anime déclamer contre luy dans les chaises (sic) et condamner publiquement ses nouveaux blasphèmes ? […] On fera bien encore quelques chicanes de mots ; on prétendra, par exemple, que, dans cette phrase qui termine la scène du Pauvre : « Va, va, je te le donne pour l’amour de L’humanité » , le dernier mot n’est pas de la langue de Molière. […] Il est déjà un homme, quand il l’écrit, mais son génie est encore un enfant, et un enfant dépaysé, hors de l’inspiration natale, un enfant qui, avant de savoir sa langue, est obligé de parler une langue étrangère ; qui, avant d’être l’admirable Français que vous connaissez, que vous aimez, est forcé d’être Italien.

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