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68. (1825) Notice sur Molière — Histoire de la troupe de Molière (Œuvres complètes, tome I) pp. 1-

C’est là véritablement que Molière s’est laissé dominer par l’opinion publique : on reconnaît dans le langage, dans les sentiments de ses personnages, l’affectation et la recherche dont il s’est plus d’une fois moqué lui-même. […] Jamais, depuis le père du Menteur, Thalie n’avait parlé un langage aussi éloquent, aussi noble ; jamais on n’avait vu des passions contraster plus habilement, ni des intérêts se heurter d’une manière plus dramatique. […] Personne n’était plus en droit que Molière de traduire devant le parterre la manie du bel esprit ; la franchise de son langage et la force de sa raison contrastaient singulièrement avec les idées alambiquées et le style prétentieux, familiers à l’un des plus célèbres salons de l’époque. […] Ce qu’il faut surtout admirer en lui, c’est le génie avec lequel il s’identifie au caractère, aux mœurs et au langage de ses personnages ; on dirait que ces métamorphoses ne lui coûtent rien ; qu’il a été de tous les états ; qu’il s’est trouvé dans toutes les conditions.

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