/ 147
66. (1919) Molière (Histoire de la littérature française classique (1515-1830), t. II, chap. IV) pp. 382-454

Et tel est bien aussi le langage de Montaigne : « J’ai pris, dit-il, ce précepte ancien que  : nous ne saurions faillir à suivre nature ; que le souverain précepte c’est  : de se conformer à elle ». […] Maintenant Il pourrait voir mourir frère, enfans, mère et femme Qu’il s’en soucierait bien autant que de cela, dit-il en faisant claquer son ongle sur ses dents ; et Tartufe a seul accompli cet ouvrage, non pas, bien entendu, le Tartufe qui convoite la femme en épousant la fille, mais le Tartufe qu’on ne voit qu’à peine, celui dont les leçons n’enseignent, selon le langage chrétien, que détachement du monde, abnégation de soi-même, et pur amour de Dieu. […] C’est elle, puisqu’il l’a chargée de démasquer Tartufe, qu’il eût également chargée d’exprimer son respect pour les sentiments dont le langage de Tartufe n’est qu’une parodie sacrilège, — et non pas Cléante, qui ne tient pas à l’action, qui ne parle qu’à la cantonade, qu’on pourrait ôter de la pièce sans qu’il y parût. […] C’est toujours le langage de l’École des femmes. […] Si, pour l’exprimer, nous commençons par la décomposer, et qu’ensuite nous la recomposions au moyen du langage, nous en avons fait l’analyse ; et c’est le style écrit.

/ 147