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15. (1812) Essai sur la comédie, suivi d’analyses du Misanthrope et du Tartuffe pp. 4-32

Et cependant il ne s’agit que d’un langage apprêté, que de sentiments romanesques alors à la mode. […] Sans doute, dans la même situation, deux hommes d’un rang différent, un prince, un valet, éprouveront des sentiments semblables, leurs impressions seront les mêmes ; mais leur langage sera distinct, leur manière de s’exprimer différera. […] Le peuple a perdu son caractère primitif, il n’a plus ce naturel si précieux qui seul peut distinguer le faux du vrai ; seulement l’éducation ne l’ayant pas poli, il a conservé quelque chose du langage grossier de ses pères. […] Se parant du langage de la vertu, elle cache sous cette égide sacrée tout ce que la méchanceté, la bassesse et la perfidie ont de plus odieux, couvre ses crimes, son infamie des dehors les plus respectables, satisfait impunément ses passions, ses désirs, dispute souvent le prix à la vertu et le lui arrache quelquefois.

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