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134. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Ce qu’on entend par cœur humain, dans le langage usuel, étant les éléments instinctifs, bons ou mauvais, de l’esprit, c’est-à-dire les sentiments et les passions, la science du cœur humain consiste dans l’exposé des effets naturels qu’ils produisent principalement lorsqu’ils se trouvent dans les conditions particulières où ces principes instinctifs dominent et dirigent l’esprit ; ces effets, se répétant sans cesse sous l’influence de ces mêmes conditions, sont donc déterminés par des lois et ne sont point libres, bien qu’ils soient issus de notre propre initiative. […] Je vous le garantis défunt tout au plus dans six mois et je n’aurai pas longuement à demander pour moi au ciel l’heureux état de veuve. » Tel est le langage cynique que l’on rencontre chez les personnes qui, sous l’influence d’une anomalie morale semblable, commettent les actes les plus odieux pour satisfaire leurs mauvais instincts, sans même que leurs désirs soient impérieux, sans éprouver parfois autre chose que de simples fantaisies. […] Il adopte comme principe le compelle intrare ; il veut forcer ses contradicteurs à partager ses idées, et il emploie, pour y parvenir, une vivacité de langage qui heurte leurs sentiments.

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