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158. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Je laisse à deviner si l’on s’en est tû parce que cela n’est pas véritable, ou de peur de lui faire tort. […] On lui conseilla pour lors de ne point achever, & de s’aller mettre au lit : il ne laissa pas pour cela de vouloir finir ; & comme la piece étoit fort avancée, il crut pouvoir aller jusqu’au bout sans se faire beaucoup de tort ; mais le zêle qu’il avoit pour le public eut une suite bien cruelle pour lui ; car dans le temps qu’il disoit de la ruë-barbe, & du scené dans la ceremonie des Medecins, il lui tomba du sang de la bouche ; ce qui ayant extremement effrayé les spectateurs & ses camarades, on l’emporta chez lui fort promptement, où sa femme le suivit dans sa chambre. […] J’en conviens, me dit-il, mais elles ne laissent pas de divertir certains jeunes gens, qui ne viennent à notre Theatre que pour rire, qui rient de tout, & souvent sans sçavoir pourquoy. […] Songent-ils bien que si je m’étois réglé sur leurs idées de perfection, j’aurois fait un Livre qui leur eût plu à la vérité, mais qui eût déplu à cent autres, & qu’on eût laissé pourrir dans les magazins du Libraire ?

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