La raison, qui éclaire l’homme pour la conduite qu’il doit tenir afin de se comporter sagement, tirant son origine des sentiments moraux ; et la folie, qui est la déraison inconsciente, non sentie, non comprise par l’individu, prenant sa source dans les passions alors qu’elles dominent et aveuglent l’esprit, l’une et l’autre sont par conséquent morales, instinctives de leur nature, et non pas intellectuelles. […] Ces deux sources de lumière ne pouvaient être en opposition l’une vis-à-vis de l’autre. […] Voici ce qu’il éprouve à la vue de deux jeunes fiancés : « Jamais (dit-il) je n’ai vu deux personnes être si contentes l’une de l’autre et faire éclater tant d’amour. […] Aussi, comme les passions sont indépendantes les unes des autres, et, de plus, comme elles ne sont pas continuellement en activité dans notre esprit, on peut n’être fou, c’est-à-dire moralement aveuglé, que par l’une d’elles, et rester raisonnable à l’égard de ce qui ne regarde pas cette passion. […] » Ces deux scènes, éminemment psychologiques, font le pendant l’une de l’autre.