En 1662, lorsqu’il venait de faire représenter Sganarelle et l’École des Maris, Molière, âgé de quarante ans, épousa une toute jeune fille, élevée pour devenir l’une des actrices de son théâtre, et choisie dans une famille à lui fort connue. […] Or, ce sermon sur l’impureté n’est pas seulement un admirable morceau d’éloquence chrétien ; c’est l’acte d’un mâle courage, et l’une des actions les plus hardies qui aient heurté le roi le plus puissant et le plus redouté qu’ait eu la France. […] Lorsqu’il n’était pas dans ces emplois, enfermé dans sa cellule avec ses livres, sans feu au cœur de l’hiver, il composait ces sermons qui sont restés des modèles de dialectique, de style sévère, de forte morale, et qui demeureront l’une des plus belles applications des forces du dogme chrétien aux faiblesses sans nombre de l’âme humaine. […] Car comme la fausse dévotion tient en beaucoup de choses de la vraie ; comme la fausse et la vraie ont je ne sais combien d’actions qui leur sont communes ; comme les dehors de l’une et de l’autre sont presque en tout semblables, il est non-seulement aisé, mais d’une suite presque nécessaire, que la même raillerie qui attaque l’une intéresse l’autre, et que les traits dont on peint celle-ci défigurent celle-là, à moins qu’on n’y apporte toutes les précautions d’une charité prudente, exacte et bien intentionnée ; ce que le libertinage n’est pas en disposition de faire. » On voit qu’ici l’orateur sacré a saisi corps à corps le poêle comique.