L’une lui a prêté son gros rire, son bon sens, son admiration naïve, son dévouement de toutes les heures ; l’autre l’a calmé, elle l’a consolé, elle a essuyé ses larmes, elle a rassuré, tant qu’elle a pu, ce pauvre cœur si facile à troubler. […] À tout prendre, et malgré les fleurs, — malgré les fortunes dont elle est semée, la route que parcourt Don Juan est aussi triste que la route que parcourt Hamlet, encombrée de frimas et de neiges : c’est que, dans l’une et l’autre route, est semé le doute, cette épine amère, cette ronce fatale que nulle main ne peut arracher. […] Dans l’une et dans l’autre comédie, un poète immense vous montre la même figure blafarde qui passe et qui repasse incessamment, comme un grain de sable qui tomberait dans l’œil de l’âme, pour troubler la vision. […] Ces deux échos d’une poésie plus remplie d’idées que d’images ont été bien étonnés de n’avoir rien à dire en tant de grands vers, et, charmantes l’une et l’autre, elles sont restées, comme on dit, le bec dans l’eau, sans doute pour mieux ressembler aux deux statues de la fontaine Molière.