Sa comédie des Deux Gendres, qui lui ouvrit les portes de l’Institut, fut jugée alors, par les vieux amateurs de théâtre, digne d’être comprise parmi les plus belles du répertoire ; et nous pensons que la postérité n’infirmera pas leur jugement. […] Scribe n’en jugea pas ainsi, et ; pour se conformer au goût du jour, il compliqua son intrigue de l’amour romanesque d’un jeune plébéien pour la fille d’un ministre; amour que celle-ci partage, et dont le ministre est d’autant plus irrité que le mariage de sa fille avec le neveu d’un puissant personnage est à la veille de se conclure. […] Jugé par un conseil de guerre, il est déclaré coupable et condamné à mort. […] En effet, un homme d’un tel caractère, aussi passionné, aussi fanatique, aussi extrême en tout, ne me semble pas plus apte à bien juger de l’honnêteté d’une femme que cet autre fanatique d’Orgon ne me semble l’être à bien juger de la religion d’un dévot. […] La preuve que Tartuffe est loin de le juger tel, c’est que, dans la scène où Damis le surprend déclarant son amour à Elmire et se hâte d’en instruire son père, Tartuffe ne cherche point à se justifier.