Le public ne pouvant juger les deux personnages par comparaison, n’a pas besoin de monter son imagination pour trouver de la ressemblance entre deux acteurs, dont l’un est quelquefois petit & laid, l’autre grand, bien fait & beau. […] De telles comédies sont fort bonnes sur un théâtre où tout est sacrifié au personnage burlesque, qui seul attire le monde, où les lazzis & les tours de passe-passe sont comptés pour autant de beautés : mais sur un théâtre où les bons Auteurs ne cherchent pas à faire briller un personnage aux dépens des autres, où il faut des choses & non des mines, des situations bien marquées & non des grimaces ; sur un tel théâtre, dis-je, toute comédie, dans laquelle un seul acteur jouera, sans nécessité, deux rôles, sera jugée très mauvaise, à moins qu’on ne lui fasse la grace de la regarder comme une farce, ou bien comme une comédie épisodique. […] C’est encore au lecteur, & non à moi, à juger si les applaudissements qu’on a daigné donner à cet ouvrage sur les théâtres de la Cour & de la Ville, sont un peu mérités.