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146. (1910) Rousseau contre Molière

— Mais vous vous refusez A juger sainement de nos périls… Eliante se soumet ; mais voici qu’arrive l’avocat. […] D’instinct, mais avec raison ; car il manquerait de bon sens, du sens de la distinction entre le réel et le fantastique, du sens de la distinction entre la plaisanterie et le sérieux, du sens de la distinction entre deux arts qui n’ont rien de commun et comme un homme qui voudrait juger d’un tableau avec les oreilles. […] Je voudrais bien qu’on me montrât clairement et sans verbiage par quels moyens il pourrait produire en nous des sentiments que nous n’aurions pas et nous faire juger des êtres moraux autrement que nous n’en jugeons en nous-mêmes. […] Il convient aussi, et à en juger par le nombre de lignes que Rousseau consacre à cet article, il semble qu’il y attribue une extrême importance, il faut aussi exercer et développer infiniment sa coquetterie. […] Il faut recevoir l’impression générale des choses ; il faut noter la place où, tout le roman lu, Julie se met dans notre esprit et, à en juger de la sorte, Julie est beaucoup plus grande, beaucoup plus haute, beaucoup plus riche aussi et consistante que Sophie !

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