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77. (1885) Études sur la vie et les œuvres de Molière pp. -461

Si l’on en juge sur le nombre des originaux qu’il mit en scène, après les avoir soigneusement étudiés dans le monde, et par les fréquentes saillies écoutées dans les ruelles et répétées par l’écho railleur de ses comédies, Molière devait se complaire à ces hantises d’observateur ; il devait aimer ces utiles excursions dans les cercles mondains, où jamais son esprit ne se mit vainement aux écoutes. […] Sa déférence pour les conseils de Boileau, son obéissance soumise aux leçons de ce maître du bon sens, sont une preuve que, loin de fuir les bons juges, il allait à eux de lui même. […] Mais, ajoute-t-il, l’artifice et le crédit du sieur Molière eurent tant de force, que, par une sentence du juge de police, il perdit son procès, et ses exemplaires furent confisqués ; le sieur Molière en triompha. » Chalussay, ainsi battu, n’avoua pas sa défaite. Il appela de la sentence au Parlement, à la grand’chambre, et prit pour plaider sa cause « un des plus habiles et des plus éloquents avocats du barreau. » Ce n’est pas tout encore : « il fit de ce procès une comédie, intitulée Procès comique », à l’effet d’en donner un exemplaire à chaque juge, comme factum. […] Il lui fâchait d’être assourdi par les criailleries des mauvais juges.

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