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250. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Il sait très bien que le rôle qu’il joue ne peut être que temporaire ; aussi, de même que Tartuffe, il cherche à accaparer au plus tôt le plus de richesses qu’il pourra ; puis, une fois muni de titres ou d’argent, peu lui importe le bruit, une rupture. […] Vous voyez comme je m’y prends, et les adroites complaisances qu’il m’a fallu mettre en usage pour m’introduire à son service, sous quel masque de sympathie et de rapports de sentiments je me déguise pour lui plaire, et quel personnage je joue tous les jours avec lui afin d’acquérir sa tendresse. […] On n’a que faire d’avoir peur de trop charger la complaisance, et la manière dont on les joue a beau être visible, les plus fins toujours sont de grandes dupes du côté de la flatterie ; et il n’y a rien de si impertinent et de si ridicule qu’on ne fasse avaler lorsqu’on l’assaisonne en louanges. […] pendard, vaurien, fils indigne d’un père comme moi, oses-tu bien paraître devant mes yeux, après le lâche tour que tu m’as joué pendant mon absence ? […] Les pièces de Molière, quoique composées pour être jouées, sont plutôt faites pour être méditées dans le silence du cabinet.

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