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216. (1769) Éloge de Molière pp. 1-35

L’arme du ridicule n’était point aussi affilée qu’elle l’est devenue depuis, et n’inspirait point une crainte pusillanime digne elle-même d’être jouée sur le Théâtre. […] La force de cette éducation philosophique influa sur sa vie entière ; et lorsque dans la suite il fut entraîné vers le Théâtre, par un penchant auquel il sacrifia même la protection immédiate d’un grand Prince, il mêla les études d’un Sage à la vie tumultueuse d’un Acteur, et sa passion pour jouer la Comédie tourna encore au profit de son talent pour l’écrire. […] Les Grecs et les Romains n’étant point emprisonnés pour leur vie dans la sphère d’un seul état de la société, ne cherchaient point à accréditer des préjugés en faveur d’une condition qu’ils pouvaient quitter le lendemain, ni à jeter sur les autres un ridicule qui les exposait à jouer un jour le rôle de ces maris, honteux de leurs anciens traits satiriques contre un joug qu’ils viennent de subir.

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