» Ce qui est impossible, c’est que Molière ne jouât pas avec une tristesse et une brusquerie saisissantes ce rôle d’Alceste tout empreint de sa propre personnalité, avec sa femme pour Célimène; c’est que les spectateurs ne fussent pas profondément émus, quand il s’écriait avec un accent déchirant : « Ah ! […] avec quelle .verve, quel naturel, devaient jouer ces acteurs, les familiers, les camarades et les témoins d’un homme de génie, partageant en quelque sorte son inspiration, et possédant eu eux une “étincelle de ce feu sacré qui animait le poëte 48. […] « Molière, a dit Lagrange, camarade et ami du grand homme et le premier éditeur de ses œuvres complètes, Molière faisait d’admirables applications dans ses comédies, où l’on peut dire qu’il a joué tout le monde puisqu’il s’y est joué le premier en plusieurs endroits, sur les affaires de sa famille et qui regardaient ce qui se passait dans son domestique; c’est ce que ses amis particuliers ont remarqué bien des fois. » (Voir Sainte- Beuve, Nouveaux portraits.)