Cet effet naturel des passions est signalé en ces termes dans cette comédie, alors que Done Elvire se plaint de la jalousie de Don Garcie : « Voir un prince emporté qui perd à tous moments le respect que l’amour inspire aux vrais amants ; qui, dans les soins jaloux où son âme se noie, querelle également mon chagrin et ma joie, et dans tous mes regards ne peut rien remarquer qu’en faveur d’un rival il ne veuille expliquer. » Mais les facultés intellectuelles ne se bornent pas alors à interpréter faussement les faits, à créer ainsi des idées chimériques, délirantes ; elles prêtent également tout leur concours à la satisfaction de la passion. […] Il l’indique également en paroles à l’occasion d’une joie vive qui remplit le cœur d’Horace dans l’École des Femmes. […] Oui, je voudrais qu’aucun ne vous trouvât aimable, que vous fussiez réduite en un sort misérable ; que le ciel en naissant ne vous eût donné rien ; que vous n’eussiez ni rang, ni naissance, ni bien, afin que de mon cœur l’éclatant sacrifice vous fît, d’un pareil sort, réparer l’injustice ; et que j’eusse la joie et la gloire en ce jour de vous voir tenir tout des mains de mon amour. » Voilà bien le véritable caractère égoïste de l’amour avec ses transports intéressés, suggérant les vœux les plus inhumains contre l’objet aimé, afin de le posséder et de le retenir enchaîné par la reconnaissance.