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167. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

Si nous avons lignée, elle en pourra tenir ; Mon père en mon jeune âge eut soin de m’en fournir. […] Elle l’épouse aussi ; mais on voit tout ce qu’elle avait à craindre s’il n’eût pas été honnête homme, et que ce surveillant intraitable, qui se croyait le modèle des instituteurs, n’allait à rien moins qu’à causer la perte entière d’une jeune personne confiée à ses soins, et qu’il voulait épouser. […] L’auteur avait fait voir, dans L’École des Maris, l’imprudence et le danger d’élever les jeunes personnes dans une contrainte trop rigoureuse : il fait voir ici ce qu’on risque à les élever dans l’ignorance, et à se persuader qu’en leur ôtant toute connaissance et toute lumière, on leur donnera d’autant plus de sagesse, qu’elles auront moins d’esprit. […] C’est une des sources du comique de la pièce, que cette ignorance ingénue d’Agnès, qui fait très naïvement des aveux qui mettent Arnolphe au désespoir sans qu’il puisse même se plaindre d’elle; et quanti elle a tout conte, et qu’il lui dit, eu parlant du jeune Horace : Mais pour guérir du mal qu’il dit qui le possède, N’a-t-il pas exigé de vous d’autre remède? […] Jourdain, sous le nom du courtisan Dorante; la galanterie niaise du bourgeois, et le sang-froid cruel de l’homme de cour qui l’immole à la risée de Dorimène, tout en lui empruntant sa maison, sa table et sa bourse; la brouillerie des deux jeunes amants et de leurs valets, sujet traité si souvent par Molière, et avec une perfection toujours la même et toujours différente : tous ces morceaux sont du grand peintre de l’homme, et nullement du farceur populaire.

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