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96. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

D’autres moralistes vont plus loin : ils décrivent les mœurs et les caractères de telle sorte qu’en montrant certains effets émanant toujours du jeu des sentiments et des passions, on peut, s’ils ne l’ont fait eux-mêmes, en tirer des conséquences générales qui représentent les lois par lesquelles sont régis dans leur activité ces éléments instinctifs de l’esprit, on peut en déduire la science du cœur humain. […] Si les caractères des personnages sont essentiellement vrais, si les scènes représentées exposent exactement et constamment le jeu naturel des passions ; si, de celte exposition, on peut déduire les lois qui gouvernent l’esprit humain, le théâtre s’élève à la hauteur d’une chaire de psychologie. […] Je veux le faire, moi, voir à toute la terre » comme si toute la terre allait prendre intérêt à ce résultat du jeu ! […] Leurs paroles de repentir, quand toutefois ils en prononcent, ne sont qu’un jeu pour intéresser en leur faveur, ou bien elles n’expriment que le regret de subir des châtiments, et non pas le remords de leurs crimes. […] Cette remarquable peinture du jeu des passions fait comprendre la facilité avec laquelle elles s’emparent de l’esprit en y étouffant momentanément tous les sentiments moraux, en ravissant ainsi à l’homme le bon sens et la raison.

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