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95. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

La Sylvie de Mairet, écrite dans ce genre, et qui n’est qu’un froid tissu de madrigaux subtils, de conversations en pointes et de dissertations en jeux de mots, excita dans Paris une sorte d’ivresse qui prouvait le mauvais goût dominant et servait à l’entretenir. […] Le jargon des mauvais romans, qui était devenu celui du beau monde ; le galimatias sentimental, le phébus des conversations, les compliments en métaphores et en énigmes, la galanterie ampoulée, la recherche des jeux de mots, toute cette malheureuse dépense d’esprit, pour n’avoir pas le sens commun, fut foudroyée d’un seul coup. […] Tout ce qu’il avait censuré disparut bientôt, excepté les jeux de mots, sorte d’esprit trop commode pour que ceux qui n’en ont pas d’autre puissent se résoudre à y renoncer. […] Là-dessus Rousseau se récrie qu’il est impossible qu’Alceste, qui, un moment après, va critiquer les jeux de mots, en fasse un de cette nature. […] Tout ce qui est autour de lui le fait ressortir : sa femme, sa servante Nicole, ses maîtres de danse, de musique, d’armes et de philosophie, le grand-seigneur, son ami, son confident et son débiteur; la dame de qualité dont il est amoureux, le jeune homme qui aime sa fille, et qui ne peut l’obtenir de lui parce qu’il n’est pas gentilhomme, tout sert à mettre en jeu la sottise de ce pauvre bourgeois, qui est presque parvenu à se persuader qu’il est noble, ou du moins à croire qu’il a fait oublier sa naissance, si bien que, quand sa femme lui dit : Descendons-nous tous deux que de bonne bourgeoisie ?

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