Outre la manière de sentir, de débiter les vers, la pantomime et les lazzis sont encore du ressort de la tradition, nombre de personnes ne la connaissent même que sous ce dernier rapport ; aussi les auteurs ont-ils pris soin d’indiquer les jeux de théâtre les plus importants, et ce n’est pas sans danger qu’on s’en fie à l’exemple pour ceux qu’ils n’ont pas prescrits. […] L’exposition. — Bonne, très bonne, puisque dès les premiers vers, Alceste se peint par ses discours, par ses actions, qu’il a pour interlocuteur un homme d’un caractère en opposition avec le sien, et qu’avant la fin du premier acte, composé de trois scènes, on connaît déjà, non seulement les personnages qui doivent mettre en jeu les ressorts principaux, mais leurs qualités, leurs ridicules. […] Deux Alcmène m’ont singulièrement frappé par la différence de leur jeu ; l’une, trop connaisseuse, sans doute, pour confondre les empressements d’un dieu avec ceux d’un mortel, fit continuellement sentir au spectateur qu’elle n’était pas dupe de l’aventure ; aussi fut-elle couverte d’applaudissements, et quelques amateurs s’écrièrent finement, dans le parterre : « bravissimo ! […] Par exemple, Euclion ne redoute pas, comme Harpagon, d’être volé par ses enfants ; il ne force pas son fils à puiser dans la bourse des usuriers ; il ne l’exhorte pas à placer, au denier douze, l’argent qu’il gagne au jeu ; il n’est pas lui-même un usurier. […] La femme de ce dernier murmura des avis qu’on lui donnait, tandis qu’on laissait répéter son mari sans lui dire un mot : je serais bien fâché de lui rien dire, reprit notre auteur, je lui gâterais son jeu ; la nature lui a donné de meilleures leçons que les miennes pour ce rôle.