Aussi l’intrigue est-elle traînante jusqu’à la fin du second acte, lorsque l’amour, ou, pour mieux dire, le goût de Dorante, s’étant un peu fortifié, son pere l’alarme en lui proposant un mariage. […] D’ailleurs, en exposant au spectateur une intrigue déja avancée, en l’intéressant pour deux amants qui, déja loin de toutes les simagrées de l’amour, & de ses enfantillages, partagent de bonne foi sa tendre vivacité, & sont sur le point de se voir heureux ou malheureux, un Auteur réunit & l’intérêt de curiosité & l’intérêt de sentiment ; le premier acquiert même beaucoup plus de force quand l’autre l’accompagne. […] Point de milieu, elles sont toutes indécentes, comme George Dandin, & Amphitrion ; ou bien l’Auteur a été obligé d’appeller à son secours des personnages étrangers, & de se sauver par une double intrigue, comme Destouches, dans le Philosophe marié, & la Chaussée, dans le Préjugé à la mode. […] Voilà par conséquent Durval qui, aux yeux du spectateur, agit, dès ce moment, pour lui & pour son ami : l’intrigue, l’action, l’intérêt, tout devient double ; le spectateur verra un double dénouement, ou il n’en verra aucun. […] Je leur ai fait voir le danger des deux extrémités ; c’est à eux de choisir un juste milieu, qui ne les force pas à précipiter leurs incidents, ou à les alonger par le secours d’une intrigue à deux fils, comme la Chaussée 25, ou par celui de la diction, dont nous allons parler.