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98. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

L’homme de génie était aussi chef de troupe, et les principes de l’un étaient quelquefois subordonnés aux intérêts de l’autre. […] Comme celle-ci offre de grands intérêts à démêler, on fait la plus sérieuse attention à la manière dont l’action se termine; mais, comme dans la comédie il ne s’agit ordinairement que d’un mariage en dernier résultat, divertissez pendant cinq actes et amenez le mariage comme il vous plaira, le spectateur ne s’y rendra pas difficile, et je garantis le succès. […] S’il ne versifia point l’Avare, c’est qu’il n’en eut pas le temps; car il était obligé de s’occuper, non seulement de sa gloire particulière, mais aussi des intérêts de sa troupe, dont il était le père plutôt que le chef, et il fallait concilier sans cesse deux choses qui ne vont pas toujours ensemble, l’honneur et le profit. […] C’est un spectacle touchant que toute cette famille désolée autour d’un honnête homme, prêt à être si cruellement puni de son excessive bonté pour un scélérat qui le trompait; et cet intérêt n’est point romanesquement échafaudé ni porté au-delà des bornes raisonnables de la comédie. […] Il commence par la soupçonner d’un intérêt très-vraisemblable, celui qu’elle peut avoir à le détourner du mariage qu’on lui propose avec la fille d’Orgon.

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