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153. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Nous avions le temps d’étudier les maîtres aux premiers jours du roi Louis-Philippe, et nous avions un grand intérêt à mettre en pratique ces utiles préceptes : « Écrivez pour être entendu ; tâchez d’écrire de belles choses ! […] Véritablement je me figure Molière, poussé à bout par sa troupe avide, et se mettant à l’œuvre tout exprès pour faire une pièce où l’intérêt l’emporte sur tout le reste. […] dans des œuvres si compliquées, pour déplacer ainsi l’action et le drame, et pour faire reposer l’intérêt, non pas sur le héros principal, mais sur quelque subalterne tout boursouflé de ridicule et de bon sens ! […] Dans celle comédie, faite pour les jours gras, vous allez assister au débat le plus solennel qui se soit jamais agité, je ne dis pas sur un théâtre profane, mais dans une chaire chrétienne ; vous allez entendre des éclats de rire et des grincements de dents. — Il ne s’agit plus, cette fois, des petits vices de chaque jour, des petits ridicules qui obéissent à Paris, qui commandent à Versailles ; il s’agit des plus chers intérêts de la conscience, il s’agit, non pas de cette vie terrestre, mais de la vie éternelle. […] Ce drame de Don Juan manque d’unité, non pas cette unité de temps et de lieu dont il faut faire assez bon marché, ce me semble, mais cette unité de passion, de caractère, d’intérêt qui seule peut donner, dans une suite non interrompue de surprises, d’étonnements, de leçons, un seul et même enseignement, très actif, très varié, très compliqué.

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