Dès avant qu’il se fût déclaré, ses yeux et ses soupirs n’avaient rencontré qu’indifférence polie, et pas même d’étonnement : son aveu, chose pire, n’a pas eu l’honneur d’exciter de colère, ce qui eût indiqué au moins de l’émotion ; il a été méprisé. […] Certes, il y a un côté ridicule dans le dévot prêchant une doctrine d’abstinence alors que lui ne se refuse rien ; mais Molière ne s’est pas borné à mettre en scène cette éternelle antithèse, un des mystères joyeuxde l’Église ; il a montré aussi comment le même homme, restant homme après tout, peut confondre, à son insu peut-être, les intérêts de son Dieu et les siens propres ; il a indiqué quels ravages peut faire dans une conscience cette conviction qu’on est le fondé d’affaires du ciel, revêtu de ses pouvoirs et, par suite, doué de privilèges particuliers ; il a signalé la soif de domination, l’orgueil immense de l’homme qui se croit sacré.