C’est que Molière alors, s’ignorant encore lui-même, tâtonnant et cherchant sa route, n’avait précisément donné jusque-là que des comédies romanesques imitées des imbroglios italiens et espagnols, et qu’il montrait pour la première fois aux spectateurs ravis l’imitation d’un travers à la mode, une comédie vraie, où tous les personnages étaient des portraits d’autant plus piquants pour eux, qu’ayant sous les yeux les originaux, ils pouvaient, par la comparaison, en apprécier la parfaite ressemblance. […] La grande règle de toutes les règles, selon lui, est de plaire, et une pièce de théâtre qui a attrapé ce but a sans doute suivi un bon chemin. » Ainsi, comme on le voit, Molière n’attachait pas à la forme plus d’importance qu’elle n’en mérite, et bien qu’à cet égard ses ouvrages soient dignes d’être imités, ce n’est pas, à coup sûr, de s’y astreindre que nous donnerions le conseil aux auteurs modernes, mais plutôt de méditer profondément, pour en faire leur profit, l’esprit dans lequel ils ont été conçus. […] Évitez donc les airs sournois et l’attitude cafarde qu’on lui donne généralement : ils ne conviennent qu’à Laurent, son valet, lequel n’ayant ni la finesse, ni l’esprit de son maître, n’observe aucune bienséance, ne garde aucune mesure, et ne peut, quand il cherche à l’imiter, que le faire grossièrement.