Son père se remaria ; mais rien ne nous autorise à croire que sous la férule d’une belle-mère, l’enfance de Molière ait été si malheureuse et si durement traitée qu’il en ait gardé dans le cœur une impérissable rancune, et que, quarante ans plus tard, ce soit la seconde femme du maître tapissier, Catherine Fleurette, qu’il ait représentée sous les traits odieux de la Béline du Malade imaginaire. […] La voici : Artabaze, capitan, — Amidor, personnage extravagant, — Filidan, amoureux en idée, — Phalante, riche imaginaire, — Mélisse, amoureuse d’Alexandre le Grand, — Hespérie, qui croit que chacun l’aime, — Sestiane, amoureux de la comédie. — La scène ii de l’acte II, entre Hespérie et Mélisse, a donné sans doute à Molière l’idée de ses scènes entre Henriette, Armande et Bélise. […] Tous les moyens aussi sont bons : ceux de la farce, comme dans le Bourgeois Gentilhomme ou le Malade Imaginaire, ceux du drame, comme dans Tartufe ou dans Le Misanthrope ; tous les procédés seront bons aussi, tellement que la diversité des pièces de Molière, la variété de leur contexture sera pour ainsi dire indéfinie. Quelle ressemblance y a-t-il entre la marche de l’intrigue dans l’Ecole des Femmes, et la succession des événements dans Tartufe ou dans le Malade Imaginaire ? […] A cet égard, la dernière des comédies de Molière, le Malade imaginaire, est peut-être la plus instructive.