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72. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

Wycherley, dit M. de Voltaire, qui fut longtemps l’amant déclaré de la maîtresse la plus illustre de Charles II. […]       Fouquet, dont l’illustre mémoire, Vivra toujours dans notre histoire, Fouquet, l’amour des beaux esprits, Et dont un roman1 de grand prix, Dépeint le mérite sublime, Sous le nom du grand Cléonime ; Ce sage donc, ce libéral, Du roi procureur général, Et plein de hautes connaissances, Touchant l’État et les finances, Lundi dernier2 traita la Cour, En son délicieux séjour. […]       Aujourd’hui, mes soins, mes travaux, N’iront qu’à discourir de Vaux, ………………………………… Mercredi* dernier étant donc, En ce lieu beau, s’il en fut onc, Le roi, l’illustre reine mère, Monseigneur d’Orléans son frère, Et Madame pareillement, Y vinrent par ébattement, Suivis d’une cour si brillante, Ou (pour mieux dire) si galante, Que Phébus, au chef radieux, Phébus le plus charmant des dieux, Avec ses clartés immortelles, N’en éclaira jamais de telles ; Là cent objets miraculeux, De grands princes, des cordons, Tous gens choisis, et d’importance, Bref, la fleur de toute la France, Arrivèrent en bel arroi, Avec notre cher et grand roi, Que ce fameux et beau génie, De sagesse presque infinie, Monsieur Fouquet, surintendant, En bon sens toujours abondant, Ainsi qu’en toute politesse, Reçut avec grande allégresse, Et son aimable épouse aussi, Dame, où l’on ne trouve aucun si, Que le Ciel bénisse et conserve, Et qui comme une autre Minerve, A des vertus et des appas, Que bien des déesses n’ont pas ; Le monarque ensuite et le reste, De sa cour ravissante et leste, Ayant traversé la maison, De tous biens garnie à foison, Pour y faire chère plénière, Adressa sa marche première, Dans l’incomparable jardin, Où l’on ne voit rien de gredin, Mais dont les très larges allées, Dignes d’être des dieux foulées, Les marbres extrêmement beaux, Les fontaines, et les canaux, Les parterres, les balustrades, Les rigoles, jets d’eau, cascades, Au nombre de plus d’onze cent, Charment et ravissent les sens. […] C’est ainsi que cet homme sage, Que cet illustre personnage, Capable du plus haut emploi, Festoya son maître et son roi ; N’épargnant ni soin ni dépense, Pour montrer sa magnificence, Et j’ai su de quelques amis, Que si le bref temps eût permis, D’achever maint sublime ouvrage, Il en eût bien fait davantage. […] J’avoue, lui répartit Clorante, que cet illustre abbé en a fait une, et que l’ayant porté à l’auteur dont nous parlons, il trouva des raisons pour ne la point jouer, encore qu’il avouât qu’elle fût bonne ; cependant, comme son esprit consiste principalement à se savoir bien servir de l’occasion, et que cette idée lui a plu, il a fait une pièce sur le même sujet, croyant qu’il était seul capable de lui donner des louanges. » [*].

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