/ 145
111. (1802) Études sur Molière pp. -355

Ici, quelques historiens de Pocquelin6 prétendent le perdre de vue ; il vécut ignoré, disent-ils, pendant plusieurs années : je le vois cependant, dès l’année 1645, se mêler à des jeunes gens qui s’amusaient à jouer la comédie, d’abord sur les fossés de Nesle, ensuite au quartier Saint- Paul ; je le vois donner à ses camarades d’assez bons conseils, pour que leur réunion obtienne le titre de l’Illustre Théâtre ; pour qu’on leur confie des nouveautés ; pour que, fiers de leurs succès, ils osent élever un théâtre en règle, dans le jeu de paume de la Croix-Rouge, et pour que le public coure en foule payer leurs plaisirs. […] nous aurons à te louer bien davantage, lorsque tu auras réduit au silence le Héros des ruelles, le dispensateur des petites réputations, l’ennemi de tous les écrivains illustres de son siècle, M.  […] Quelle différence avec ces représentations où l’on voit journellement l’esclave courir après l’esprit, la gentillesse, pour éclipser le dieu ; et celui-ci oublier son illustre origine, pour ne nous faire voir que la grossièreté du mangeur d’ail ! […] Cette pièce donnée pour la première fois sur le théâtre du Palais-Royal, le 24 mai, a une origine des plus illustres ; elle est imitée du Phormion de Térence, on y reconnaît la manière de dialoguer du poète latin, ses détails les plus piquants, surtout le fond de sa fable ; et c’est d’abord avec le fond de cette fable qu’il nous importe de familiariser le lecteur ; le reste des imitations, ne venant pas toujours d’une source aussi pure, n’exige pas une analyse aussi scrupuleuse. […] Perrault, dans ses Hommes illustres, blâma Molière de ne s’être pas borné à tourner en ridicule les médecins charlatans, et d’avoir attaqué la médecine elle-même.

/ 145