On fut forcé de convenir qu’une prose élégante pouvait peindre vivement les actions des hommes dans la vie civile, et que la contrainte de la versification, qui ajoute quelquefois aux idées, par les tours heureux qu’elle donne occasion d’employer, pouvait quelquefois aussi faire perdre une partie de cette chaleur, et de cette vie, qui naît de la liberté du style ordinaire. […] On comprit alors qu’il peut y avoir de fort bonnes comédies en prose, et qu’il y a peut-être plus de difficulté à réussir dans ce style ordinaire où l’esprit seul soutient l’auteur, que dans la versification, qui, par la rime, la cadence et la mesure, prête des ornements à des idées simples, que la prose n’embellirait pas. Il y a dans L’Avare quelques idées prises de Plaute, et embellies par Molière. […] Cependant, comme les scènes du théâtre italien, jouées à l’impromptu, dont je viens de parler, ne sont pas imprimées, et qu’il serait difficile au lecteur de pouvoir se les rappeler pour en faire la comparaison avec celle de Molière, il m’a paru indispensable d’en donner une légère idée, et de mettre par là le lecteur plus en état de connaître et de sentir avec quel art Molière en a fait usage. » Scènes italiennes. […] Molière, en prenant dans cette scène l’idée de l’usure d’Harpagon et de la liste, l’a enrichie, et l’a rendu plus intéressante.