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122. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

La première idée qui se présente, c’est que nous la façonnions nous-même ; elle sera plus selon nos souhaits. C’est l’idée d’Arnolphe, autrement dit M. de la Souche, car ce bourgeois vaniteux rougit de porter le nom de son père, et d’un tronc pourri de sa ferme s’est fait un nom de seigneurie, à l’exemple de ce paysan … Qu’on appelait Gros Pierre, Qui n’ayant pour tout bien qu’un seul quartier de terre, Y fit tout à l’entour faire un fossé bourbeux, Et de Monsieur de l’Ile en prit le nom pompeux4. […] Arnolphe s’est perdu lui-même ; ou plutôt c’est l’idée de tenir une femme dans l’ignorance pour l’avoir mieux dans la main, que le poète a condamnée par ce dénouement. […] « Qui est, s’écrie-t-il, ce sot-là qui ne veut pas que sa femme soit muette33. » Sganarelle s’en fait une autre idée ; « j’entends », dit-il, … J’entends que la mienne Vive à ma fantaisie et non pas à la sienne ; Que d’une serge honnête elle ait son vêtement, Et ne porte le noir qu’aux bons jours seulement ; Qu’enfermée au logis en personne bien sage Elle s’applique toute aux choses du ménage, À recoudre mon linge aux heures de loisir, Ou bien à tricoter quelques bas, par plaisir. […] Qu’il épouse l’une ou l’autre, il ne s’en repentira pas, et l’on peut donner une idée du bonheur qu’il lui devra.

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