Amenés devant les magistrats, ils avaient répondu « qu’ils étaient prêts de souffrir la mort pour soutenir la vérité qu’ils annonçaient. » Un peu plus tard, vers la Pentecôte, « quelques-uns s’acheminèrent, »hommes et femmes cette fois, à Argentan. […] Colbert, Le Tellier, Hugues de Lyonne16 sont tous trois fort peu dévots (le jésuite Rapin, qui les connaît, le déplore dans ses Mémoires à chaque pas,) et l’un d’eux, Lyonne, pousse assez loin le scepticisme de l’homme du monde renforcé de celui du diplomate pour que ses contemporains le classent parmi les libertins avérés. […] Allier, que leur influence ait cessé d’y être prépondérante, il n’en est pas moins vrai que M. de Morangis, un fils spirituel de Nicolas Pavillon, est flétri par le même Père Rapin, comme un de ces hommes du monde qui allaient dans Paris prônant les Provinciales. […] Agir sur l’homme est le privilège de Dieu. « Ce ne sont pas nos paroles qui versent l’huile dans les lampes de nos frères, qui entretiennent le feu du ciel dans leurs âmes ; c’est l’opération du Saint-Esprit… que nous attirons en priant. » Dans nos actes, sans prétendre leur servir, contentons-nous, — c’est un assez grand bonheur, — de ne leur point nuire. […] N’est-ce pas cela que le public de Molière peut comprendre, doit sans doute comprendre et est presque forcé de conclure, » si ce n’est pas « ce que Molière a voulu faire entendre, car je n’en sais rien. »— L’histoire des hommes et des actes de la Compagnie du Saint-Sacrement nous permettent, ce me semble, de croire que nous en savons un peu plus.