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194. (1772) De l’art de la comédie. Livre premier. De ses différentes parties (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXI. De l’Amour. » pp. 367-384

Riccoboni, l’homme qui a le mieux raisonné sur la Comédie, n’est pas tout-à-fait de mon sentiment. […] La piece à caractere qui paroît, au premier coup d’œil, pouvoir se passer plus facilement d’une intrigue amoureuse, est le Méchant ; cependant quelles méchancetés décelent mieux l’affreux caractere d’un homme, que celles qu’il fait lâchement à une femme qui l’aime, & celles qu’il inspire à cette même femme, en se servant de l’empire que l’amour lui donne sur son cœur ? […] Les Auteurs doivent se persuader que, l’exposition une fois faite, une scene purement amoureuse ne peut être que très ennuyeuse pour le spectateur, & très difficile à faire pour un homme qui connoît son art. […] Je la prends dans l’Homme du jour ou les Dehors trompeurs, de Boissy, piece qui d’ailleurs est remplie de très grandes beautés. […] Ce seroit un morceau délicieux dans un opéra ; aussi Moliere, qui avoit le tact fin, l’a-t-il volé à M. de Boissy pour le mettre en musique dans son Malade imaginaire 54 qui a paru soixante ans avant l’Homme du jour.

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