Cette vérité est si bien accréditée parmi les personnes instruites, qu’il suffit d’indiquer en passant ce qui fit fleurir les arts dans ces jours heureux où ils enfanterent des merveilles. […] Soyez surpris, avec raison, de voir la qualité & l’intérêt s’établir des privileges dans le sanctuaire des arts : dites-vous à vous-même qu’au théâtre les vrais nobles, les vrais riches, sont ceux qui ont hérité de Moliere, de Corneille, & qui les approchent de plus près : gémissez en secret ; mais gardez-vous d’insister si vous desirez qu’on vous joue par grace dans les petits jours, ou pendant les chaleurs de l’été57, encore serez-vous très heureux. […] Ce ne sera pas certainement un public toujours avide de nouveautés, ni les Auteurs qui n’ont plus rien à espérer sans cet heureux changement ; encore moins MM. les Gentilshommes de la Chambre, puisqu’un théâtre de plus leur fournit un double moyen de faire des heureux, de placer des gens à talent, de s’assurer l’immortalité en protégeant les Muses qui la donnent, & leur facilite des ressources pour varier les fêtes de la Cour, ou pour les rendre plus brillantes, soit en y appellant les deux troupes séparément, soit en réunissant l’élite de l’une & de l’autre61. […] Les Auteurs ayant mieux vu les défauts dans le cadre, pourroient faire les plus heureux changements ; les personnes qui auroient assisté aux premieres représentations voudroient voir les corrections ; les autres courroient au spectacle comme à toutes les nouveautés.