Mowbrai apporte, dit-il, une heureuse nouvelle : Arabelle sera dans un instant la femme de Belton. […] C’est ainsi qu’ils passoient le temps l’un & l’autre, jusqu’à ce qu’ils eussent inventé un nouveau langage, à la faveur duquel notre jeune héros dit à sa maîtresse, qu’il s’estimeroit bien heureux de la pouvoir posséder dans le pays de sa naissance, où elle iroit habillée d’étoffe de soie, comme celle de sa veste ; où il la feroit porter dans des maisons traînées par des chevaux à l’abri du vent & de la pluie, & où ils ne seroient pas exposés à toutes ces craintes & à ces alarmes qui les agitoient alors. […] tiens, mon ami, voilà deux cents sequins, retourne chez toi, sois heureux & ne hais point les Chrétiens. […] Il confessa au Turc, en deux mots, que sa rencontre étoit ce qui pouvoit lui arriver de plus heureux. […] Cet heureux achat étoit l’occasion dont le ciel s’étoit servi pour le conduire au marché, parcequ’en voyant arriver chez lui l’esclave Chrétienne, il avoit demandé à son fils s’il restoit d’autres Chrétiens à vendre, & que, dans le dessein qu’il entretenoit d’en délivrer quelques-uns, suivant la promesse qu’il avoit faite à Ligourne, il s’étoit hâté de se rendre au marché des esclaves.