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89. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

D’abord elle rappelait les beaux-arts à leur plus haute mission, celle d’instruire les peuples de leur histoire, et par leur histoire, de la vertu. […] Que les hautes intelligences apparaissent à l’orient ou à l’occident, n’importe, les idées n’ont point de patrie : Télémaque et l’Esprit des Lois appartiennent à la France par la langue ; ils appartiennent au monde par le bien qu’ils ont fait au monde, et Dieu a voulu que les fruits de la vertu et du génie fussent le patrimoine de l’humanité. […] Il fera parmi nous monter l’art dramatique, Plus haut que ne l’ont vu Home et la Grèce antique, Et de l’humanité courageux défenseur, Des vices de son siècle il sera le censeur. […] Déjà le marbre est prêt ; vis-à-vis la demeure Témoin de ses travaux et de sa dernière heure, Du haut du monument il pourra voir encor Ce théâtre où sa gloire en naissant prit l’essor ; Là, chaque âge est venu, de ce rare génie, Applaudir le bon sens, l’audace et l’ironie ; Ce style inimitable et ce vrai goût du beau, Cette ferme raison qui, radieux flambeau, Dans les replis du cœur projette sa lumière, Enfin cet art divin qu’atteignit seul Molière.

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