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135. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Je sais bien qu’une ode lue tous les ans, par un acteur en habit noir, devant un buste de plâtre stéariné ne change pas la face du monde et n’ajoute rien à la renommée du mort ; mais il est consolant ce culte du génie, et il n’est pas mauvais que nos grands hommes aient aussi leur calendrier. […] Car à peine on m’eut veu la hallebarde au poing, A peine on eut oüy mon plaisant baragouin, Veu mon habit, ma toque, et ma barbe et ma fraise, Que tous les spectateurs furent transportez d’aise. […] Un autre de ces pamphlets dit que, si un tailleur lui faisait un habit, il le devrait composer des vêtements de Scaramouche et de Turlupin, auxquels, en vrai Arlequin, il empruntait pour se vêtir. […] Ces vers, il faut l’avouer, sont pour l’histoire littéraire d’un intérêt tout à fait capital, et on pardonnerait presque à ce misérable Jaulnay de les avoir écrits en songeant qu’ils nous rendent assez naïvement l’aspect même de Molière, pâle, la tête penchée et vêtu de ses habits rayés de Scapin ou de Mascarille.

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