Le seul côté plaisant de l’intrigue consiste dans la crédulité outrée d’un père, qui prend pour argent comptant le galimatias de ce médecin improvisé, et qui, rencontrant, quelques minutes après cette scène, son docteur en habit ordinaire, se laisse abuser par une histoire de ménechmes. […] Il l’aborde avec les démonstrations d’un homme désireux de l’embrasser, selon l’usage des grands seigneurs d’alors, mais à la place d’une accolade, il serre violemment la tête du poète entre ses deux mains, et ce furieux la frotte contre les boutons de son habit, en répétant d’un ton de colère : Tarte à la crème, Molière, tarte à la crème ! […] « J’ai eu beau donner à mon imposteur, dit-il, un petit chapeau, de grands cheveux, un grand collet, une épée et des dentelles sur tout l’habit ; mettre en plusieurs endroits des adoucisse-mens, et retrancher avec soin tout ce que j’ai jugé capable de fournir l’ombre d’un prétexte aux célèbres originaux du portrait que je voulais faire, tout cela n’a de rien servi. » On pouvait alors parler ainsi à Louis XIV, il était jeune, amoureux et puissant ; sa vie était ouverte et brillante. […] On sait que la déclaration que l’amour fait à Psyché, est de la main de l’auteur de Rodogune et de Cinna; on a déjà cité plusieurs fois ces vers charmants : Je suis jaloux, Psyché, de toute la nature, Les rayons du soleil vous baisent trop souvent, Vos cheveux souffrent trop les caresses du vent Dès qu’il les flattent, j’en murmure, L’air même que vous respirez Avec trop de plaisir passe par votre bouche, Votre habit de trop près vous touche, Et sitôt que vous soupirez, Je ne sais quoi qui m’effarouche, Craint parmi vos soupirs, ces soupirs égarés. […] je ne m’étonne plus de vous voir si déguenillé : un habit en lambeaux est le juste-au-corps à brevet du Parnasse.