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150. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Molière, comme Cervantes, bafouait son héros tout en l’adorant. […] Je suis persuadé que Molière avait une certaine affection pour son héros ; nous le saurions au juste, si Molière avait commenté son œuvre, si nous avions des lettres de lui comme nous en avons de Goethe et de Schiller. […] Dans ce Mariage sans mariage 42, l’auteur nous avertit que le héros ressemble beaucoup à l’original sur lequel il a copié les brusqueries d’Anselme et ses extravagances. […] L’acteur Florimont, dans Élomire, parlant de ce héros qui a purgé la scène et corrigé le théâtre, — c’est de Richelieu qu’il s’agit et non, comme on le pourrait croire, de Corneille, — ce Florimont dit que depuis Molière : Ces vers pompeux et forts, ces grands raisonnements, Qu’on n’écoute jamais sans des ravissements, Ces chefs-d’œuvre de l’art, ces grandes tragédies Par ce bouffon célèbre en vont être bannies ; Et nous, bientôt réduits à vivre en Tabarins, Allons redevenir l’opprobre des humains. […] Les femmes de Molière n’ont pas le charme en quelque sorte surnaturel, la diaphanéité, les ailes des héroïnes de Shakespeare, mais ce sont vraiment des femmes, vivantes, aimantes, mères, sœurs et filles.

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