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23. (1824) Notice sur le Tartuffe pp. 91-146

Les injures des faux dévots ne vont guère sans la délation ; il ne fallait pas seulement, pour assouvir leur vengeance, signaler Molière comme un ennemi de l’autel ; il fallait encore le dénoncer comme un ennemi du trône. […] Ce qu’il y a de plus curieux, et ce dont nos modernes épicuriens ne se doutent probablement guère, c’est que jadis on disait indifféremment truffe et tartuffe, comme on peut le voir dans un traité de Platina, intitulé De honesta voluptate, dont la traduction française a été imprimée à Paris en 1505, et se trouve citée dans le Dictionnaire étymologique de Ménage. Les truffes viendraient donc de la tartufferie : peut-être n’est-ce point parce qu’elles sont difficiles à découvrir qu’on leur a donné ce nom, mais parce qu’elles sont un moyen puissant de séduction, et que la séduction n’a guère d’autre but que la tromperie. […] La Bruyère a fait au Tartuffe un reproche qui n’est guère plus fondé, mais qui est beaucoup plus spécieux. […] Voici de quelle manière Cailhava l’avait refait : il est fâcheux qu’un auteur qui avait passé sa vie à commenter Molière, et qui n’a guère de célébrité que par son admiration fastueuse pour ce grand homme, se soit vu contraint à porter la main sur son chef-d’œuvre.

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