Grâce à eux, nous savons que l’on peut voir au numéro 83 de la rue Saint-Denis, à l’angle de la rue des Prêcheurs, un poteau cornier qui ressemble à celui qui jadis orna la maison natale de Molière ; nous savons que Molière avait trente-huit fauteuils, à moins que ce ne soit trente-sept, ou peut-être trente-neuf, et aussi deux douzaines et demie de chemises de jour, dont six vieilles, plus dix-huit chemises de nuit ; mais nous n’avons point, en attendant, l’histoire des origines de la comédie de Molière, où l’on trouverait les renseignements qui nous manquent encore sur ce que Molière a vraiment apporté de neuf, d’original, d’unique à la conception de son art. […] Plus naturelle et moins savante, moins piquante aussi que l’Isabelle de l’École des Maris, elle n’aura jamais la grâce enjouée de l’Henriette des Femmes savantes. […] On peut regretter, en songeant à Racine, qu’elle manque de finesse ; qu’elle manque de grâce, en songeant à La Fontaine, et qu’enfin elle n’ait pas l’agilité de la langue de Regnard. […] Grâce à ces chevilles le personnage n’apporte point sa phrase toute faite ; il ne la récite point comme venant de son auteur, mais de son fonds à lui, qui parle ; il la cherche en notre présence, et la trouve à peine avant nous. […] Mais il a le naturel, il a l’ampleur, il a la force, il a la fantaisie, la fantaisie caricaturale, énorme, inattendue ; et il manque de grâce et de délicatesse, mais il a la profondeur.