Des plaisanteries ignobles, des équivoques grossières, voilà quelle fut et quelle est encore la manière d’écrire des cafards : ils ont l’esprit sec et la main pesante ; au lieu de répandre le sel d’une critique piquante et légère, ils exhalent le venin d’une méchanceté âcre et d’une haine cruelle ; inhabiles à lancer le trait de l’épigramme, ils soulèvent péniblement une lourde massue ; quand ils veulent badiner avec grâce, ils assomment. […] Ce ne sont point ses insinuations qui décident Orgon à déshériter son fils ; il est bien plus habile : c’est en feignant de l’excuser, c’est en demandant grâce pour lui qu’il enflamme de plus en plus le courroux de son père ; et quand celui-ci le chasse, l’accable de sa malédiction, Tartuffe est au comblé de ses vœux, parce qu’il espère être à jamais délivré d’un témoin qui a tout entendu, et qui peut toujours devenir un accusateur.