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24. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Et en effet celui qui sut rendre sensible à une foule grossière, les traits les plus fins de l’esprit, les sentiments les plus délicats du cœur, qui lui fit comprendre, craindre et éviter le ridicule, connaître, aimer et rechercher les convenances ; celui qui épura son goût jusqu’au point de lui rendre familières les sublimes beautés du Tartufe et du Misanthrope, que fit-il autre chose que de former une nation : les délicatesses du goût sont les premiers éléments de la vertu. […] Nous y avons tous contribué, et la ville de Paris, et le Roi, et le peuple, et les académies, et les députés, et les membres du conseil municipal, et les hommes de goût, et enfin les artistes de tous les théâtres. […] Alors, par droit divin, les princes de la terre Avaient aux yeux du peuple un sacré caractère ; La volonté d’un seul était l’unique loi ; Tout, jusqu’au goût public, suivait le goût du roi. […] Contre le genre faux qui domine partout Du monarque d’abord il excite le goût. […] Deux siècles ont passé ; ses œuvres immortelles Semblent, après ce temps, plus jeunes et plus belles ; Dans l’art qu’il a créé toujours original, Chez aucun peuple encor il n’a trouvé d’égal ; Par ses rivaux vaincus sa gloire est confirmée : Chacun de leurs efforts accroît sa renommée ; Tout a changé, les lois, les usages, le goût ; Il peignit la nature et survécut à tout !

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