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À l’étranger, où les innombrables traductions de Molière forment le plus éclatant hommage qui lui ait été rendu, on s’occupe de lui, de sa vie, de ses œuvres et de celles qui perpétuent sa gloire et son nom : que d’importants travaux n’ont point encore passé la frontière ! […] La célèbre foire normande peut donc s’attribuer la gloire d’avoir eu les débuts de Poquelin et de ses amis : Corneille avait alors trente-sept ans, il venait de faire jouer Le Menteur, la plus belle comédie du siècle (avant Molière). […] Mais jusqu’à présent, dans ces rapprochements, on n’a cherché, on n’a vu qu’une chose : deux merveilleux génies jetant une gloire égale sur leur patrie respective, et dominant tous les autres écrivains dramatiques de leur nation d’une aussi puissante et incontestable supériorité. […] L’illusion moderne, je ne veux pas dire la manie, respectable dans son principe mais trompeuse dans ses déductions, qui nous porte à n’apercevoir Molière qu’à travers les fumées de l’encens et l’auréole de la gloire, nous voile un peu trop les côtés vivants et réels de cet homme d’action, qui menait de front l’art théâtral, la composition dramatique et les affaires. […] Je ne mentionne que l’assertion selon laquelle les Hollandais pourraient prétendre à la gloire d’avoir été les premiers à imprimer une traduction de Molière.

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