Ainsi, le génie est forcé de sacrifier sa gloire pour obtenir la protection; et si Molière n’eût pas arrangé des ballets pour la cour, peut-être que le Tartufe n’aurait pas trouvé un protecteur dans Louis XIV. […] Ce n’est pas que la gloire de l’état ne les eût obligés à se plaindre, puisque c’est tourner le royaume en ridicule, railler toute la noblesse, et rendre méprisable, non seulement à tous les Français, mais encore à tous les étrangers, des noms éclatants, pour qui l’on devrait avoir du respect. […] Mais Molière a su tirer encore des autres personnages un comique inépuisable : l’humeur brusque et chagrine de madame Jourdain ; la gaieté franche de Nicole; la querelle des maîtres sur la prééminence de leur art ; les préceptes de modération débités par le philosophe, qui un moment après se met en fureur, et se bat en l’honneur et gloire de la philosophie; la leçon de M. […] S’il ne versifia point l’Avare, c’est qu’il n’en eut pas le temps; car il était obligé de s’occuper, non seulement de sa gloire particulière, mais aussi des intérêts de sa troupe, dont il était le père plutôt que le chef, et il fallait concilier sans cesse deux choses qui ne vont pas toujours ensemble, l’honneur et le profit. […] Elle lui a décerné un éloge public, et a placé son buste chez elle, avec cette inscription également honorable pour nous et pour lui : Rien ne manque à sa gloire : il manquait à la nôtre.