« Dites-moi comment il se fait que le contraste soit une si pauvre chose dans tous les genres d’imitation, excepté dans le dramatique. […] Diderot continue : « Mais n’est-ce pas assez du vernis romanesque malheureusement attaché au genre dramatique par la nécessité de n’imiter l’ordre général des choses que dans le cas où il s’est plu à combiner des incidents extraordinaires, sans ajouter encore à ce vernis si opposé à l’illusion un choix de caracteres qui ne se trouvent presque jamais rassemblés ? […] Tant pis pour les Auteurs dramatiques qui ne savent pas choisir un Roman propre à faire illusion, c’est la faute de l’Auteur & non celle du genre. […] « Oui : mais qu’un homme de génie s’en empare, qu’il donne à Philinte autant de sang froid, de fermeté, d’éloquence, d’honnêteté, d’amour pour les hommes, d’indulgence pour leur foiblesse, qu’un ami véritable du genre humain en doit avoir ; & tout-à-coup, sans toucher au discours d’Alceste, vous verrez le sujet de la piece devenir incertain. […] Une piece d’un nouveau genre paroît, elle est soutenue par une cabale puissante, un acteur en impose à la multitude en y extravagant ; on part de là pour dire que toutes les pieces doivent être faites & représentées comme celle-là : elle a réussi, il n’importe comment.