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114. (1884) La Science du cœur humain, ou la Psychologie des sentiments et des passions, d’après les oeuvres de Molière pp. 5-136

Gardons-nous de croire, avec certains commentateurs, que Molière ait conçu un système particulier de morale, et que son dessein ait été de l’exposer dans ses comédies. Gardons-nous surtout de prendre pour sa morale, soit les maximes insensées que soutiennent les esprits faux, ridicules et pervers qu’il a représentés sur la scène, soit celles que l’on pourrait déduire de l’Amphitryon, et qui reflètent seulement la morale des dieux de l’Olympe, soit enfin les maximes légères que renferment ses pastorales-ballet et les paroles qu’il composait pour être mises en musique, œuvres qui célèbrent toujours les amours faciles. […] « Quelque sensible tort qu’un tel arrêt me fasse, je me garderai bien de vouloir qu’on le casse. […] En premier lieu, pour peindre l’absorption du père de Psyché par la douleur que lui cause l’arrêt des Dieux qui ravit sa fille à son affection : « Mon juste désespoir ne saurait se contraindre (dit-il), Je veux, je veux garder ma douleur à jamais ; je veux sentir toujours la perte que je fais ; de la rigueur du ciel, je veux toujours me plaindre ; je veux jusqu’au trépas incessamment pleurer ce que tout l’univers ne peut me réparer. » Ces vers admirables, qui par leur expression sentimentale peuvent rivaliser avec les plus beaux de Corneille et de Racine, font naturellement penser à la répétition ; employée par Virgile pour peindre l’absorption d’Orphée par le souvenir d’Euridice, dans ces vers si suaves et si tendres : Te dulcis conjux, te solo in littore secum te veniente die, le descendente canebat.

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